Une originalité constructive
Ce pont-aqueduc est soutenu par 29 arches de tailles croissantes à l’approche du lit du fleuve, toutes différentes, les unes larges, d’autres très étroites. L’enjambement du fleuve se fait par quatre arches dont les piles sont à leur base munies d'avant et arrière-becs. La hauteur au centre du lit du fleuve est de 15 mètres sous arche et de 19 mètres en partie sommitale.
La particularité qui rend ce monument pittoresque et rare réside dans le fait qu’il est construit sur deux niveaux :
- le premier, situé sous l’aqueduc, est un pont tunnel «en dos d’âne» long de 55 mètres, large de 2,20 mètres et haut de 5 mètres. Cette belle galerie voûtée d’un berceau en plein cintre est pavée et éclairée par quelques ouvertures latérales à jambages et arcs en brique. Le tunnel permet aux piétons de traverser la rivière. Autrefois, c’étaient aussi des charrettes et des chariots qui l’empruntaient.
- Le second niveau, sur la partie supérieure, est un canal aqueduc dont l’eau est captée au moyen d’une chaussée aménagée dans l’Agly à environ un kilomètre en amont. Cet aqueduc, servant à irriguer les cultures des deux rives sur plus de 4 kilomètres, est encore en service actuellement.
L’ouvrage prend appui sur des affleurements rocheux dans le lit du fleuve et est constitué de maçonneries de moellons, avec encadrements de briques et d’un appareillage en tuf de rivière pour les grandes arches centrales. Une autre originalité constructive réside dans sa mixité architecturale issue de remaniements aux époques carolingiennes et médiévales.
Datation : une origine romaine
D'après l'étude effectuée en 1991 par le laboratoire d'archéométrie de l'Université de Rennes, l'aqueduc d'Ansignan, classé monument historique (arrêté du 19 avril 1974), daterait de l'époque romaine en ce qui concerne sa partie la plus ancienne. Au IIIème siècle après J.-C., un ouvrage enjambait déjà le lit de l'Agly.
Sur la rive droite, il ne reste de ce simple pont romain que les vestiges de piles supportant des départs de voûtes en briques. Une date entre 220 et 270 après J.C. a ainsi été retenue, en ce qui concerne la fabrication des briques constituant ces restes d'arches, la brique n'étant plus utilisée au Moyen-Age.
Une réédification médiévale
Au travers des siècles, l'ouvrage a été soumis à des réfections. La plus grande partie du pont-aqueduc que nous voyons aujourd'hui est datée du IXème siècle de notre ère, époque où l'on aménage un tunnel routier en galerie haute de 5 m à ses extrémités et large de 2 m environ. Ce tunnel, pavé et éclairé par des ouvertures latérales, est surmonté par le canal de l'aqueduc. Des prolongements sont construits sur les rives droite et gauche, donnant ainsi à l'édifice l'ampleur qu'il possède actuellement.
La reprise des quatre grandes arches centrales qui enjambent le fleuve est postérieure et intervient probablement aux XII-XIIIème siècles.